Violence Par Le Silence

2024 Auteur: Harry Day | [email protected]. Dernière modifié: 2023-12-17 15:45

Devenir un mur blanc, c'est la fin d'un dialogue, une démonstration de pouvoir qui communique à l'autre: ce que vous voulez, ce que vous pensez, ce que vous ressentez - n'a aucune importance.

Quand ma mère était en colère ou mécontente, elle a commencé à agir comme si je ne le faisais pas. Dans de tels moments, c'était comme si je devenais invisible, un fantôme ou une vitre. Quand j'étais petite - j'avais probablement six ou sept ans - tout brûlait en moi à cause de son regard féroce, je pleurais et la suppliais de dire au moins un mot, mais elle se tut.

Bien sûr, toute mon enfance, j'ai marché sur la pointe des pieds autour d'elle dans la peur. C'est comme être enfermé dans un grenier en guise de punition, mais en beaucoup plus subtil et moins évident. Jusqu'à l'âge de quarante ans, je ne comprenais pas qu'il s'agissait d'une telle violence.

Cette femme n'est pas seule; les enfants qui ont grandi au milieu d'abus verbaux et émotionnels considèrent souvent un tel comportement comme normal, croyant à tort que la même chose se produit dans toutes les familles.

Sans surprise, il y a beaucoup de désaccord dans la société sur ce qui compte comme violence domestique. Et tandis que la plupart des gens sont prêts à reconnaître la violence physique comme un problème - des actions qui laissent des ecchymoses ou des fractures visibles - néanmoins, beaucoup ne comprennent pas où s'arrête l'incapacité de faire face à leurs propres émotions (par exemple, l'irritation) et la violence contre une autre personne commence.

Cependant, peu importe qu'un tel comportement soit une tentative délibérée de manipuler et de contrôler un autre, ou que la personne se justifie en disant qu'« il (a) l'a provoqué (s) » - ces deux options sont la violence.

Contrairement à l'opinion publique, la recherche montre très clairement ce que la violence psychologique et verbale fait au cerveau d'un enfant: ils modifient littéralement sa structure.

Ces enfants deviennent des adultes qui ne font pas confiance à leur perception et ont de sérieuses difficultés à gérer leurs émotions; ils développent un style d'attachement insécurisant qui les sépare de leurs propres sentiments (style d'évitement) ou les rend très vulnérables et sensibles au rejet (style anxieux). Puisqu'ils ont tendance à considérer la violence verbale comme la norme, ils peuvent trouver dans une relation avec une personne que cette violence verbale leur manifeste.

Quand la plupart d'entre nous pensent à la violence verbale, nous imaginons crier et hurler, mais la vérité est que la violence la plus toxique est silencieuse et silencieuse; relisez l'histoire qui commence cet article et notez que dans ce cas, l'arme de la violence est le silence maternel.

Léa, 38 ans, m'a écrit à propos de son premier mariage:

Je suis devenu une créature pitoyable, je l'ai supplié de me dire qu'après cette querelle, il m'aime toujours, mais il n'a pas répondu. J'ai supplié encore plus, pleuré, et il était assis sur le canapé avec un visage de pierre. Ensuite, j'ai commencé à m'excuser, même s'il a commencé à se battre, et je n'ai rien fait de mal.

C'est comme ça que j'avais peur qu'il parte. Je n'ai pas considéré son comportement comme de la violence ou du contrôle jusqu'à ce que je sois allé en thérapie dans mes 35 ans. Après tout, j'ai vécu comme ça pendant 12 ans et je ne pensais même pas que quelque chose n'allait pas.

L'histoire de Leia ne fait pas exception, elle n'est pas la seule à considérer le comportement d'un tel partenaire comme normal depuis des années. La violence par le silence est facile à rationaliser ou à nier: « il ne veut tout simplement pas parler », « elle essaie simplement de rassembler ses pensées », « il ne veut pas me blesser exprès » ou « peut-être que je » Je suis vraiment trop sensible, comme elle dit."

Les enfants assimilent non seulement les messages qu'ils reçoivent dans le cadre de la violence verbale (par exemple, "pourquoi je viens de te mettre au monde", "tu es un monstre", "tu n'as que du mal", etc.), mais aussi former leurs attentes du monde et comprendre comment les gens se comportent dans les relations à partir de ce silence parental.

Plusieurs types de violence par le silence peuvent être distingués: mur blanc, ignorance, manifestation de mépris et refus du contact émotionnel. Ils ont tous le même objectif - rendre la personne marginale, la faire se sentir mal et augmenter le contrôle.

Un mur blanc ou fermé par les besoins d'un autre.

De nombreuses recherches sont consacrées à ce comportement et il possède même sa propre abréviation DM/W (de l'anglais Demand/Withdraw), car il est reconnu comme l'un des schémas relationnels les plus toxiques.

Devenir un mur blanc est la fin du dialogue et cela signifie que la personne qui a initié ce dialogue perd courage.

Lorsqu'un parent fait cela en relation avec un enfant, il ou elle démontre clairement par là que les pensées et les sentiments de l'enfant n'ont aucune valeur et que personne ne s'en soucie: et puisque les besoins de l'enfant sont l'amour et le soutien du parent, l'enfant apprendra cette leçon comme une sorte de « vérité » sur vous-même.

Quand un partenaire adulte fait cela à un autre, c'est simplement une démonstration de pouvoir, qui communique à l'autre: ce que vous voulez, ce que vous pensez, ce que vous ressentez - dans notre relation n'a pas le moins d'importance.

Ignorer ou boycotter.

Prétendre que vous ne pouvez pas voir ou entendre quelqu'un est particulièrement sensible pour les enfants, surtout si cela est utilisé comme une punition. Un petit enfant peut se sentir abandonné ou jeté hors de la famille, un enfant plus âgé peut ressentir la douleur du rejet et en même temps une profonde colère, comme le dit Ella:

Mon père a immédiatement cessé de me parler dès que je l'ai déçu, ce qui arrivait très souvent. La raison pourrait être de mauvaises notes à l'école, de mauvais résultats sportifs, ou quoi que ce soit d'autre. Il disait toujours la même chose: « Il faut que tu te ressaisisse. Tu es trop sensible, le plus fort survit en ce monde. Ma mère adhère aux mêmes principes.

Quand j'étais adolescent, j'étais en colère contre eux deux, mais en même temps je pensais que leur déception était de ma faute. J'étais fille unique et je n'avais personne avec qui me comparer. Bref, je me sentais vraiment mal à la fac, mais heureusement, un grand thérapeute vient de me sauver.

Les partenaires utilisent également le boycott pour humilier et dévaloriser, ainsi que pour effrayer l'autre côté, « abattre ».

C'est une façon de rendre l'autre vulnérable, de l'envoyer dans un exil émotionnel sibérien, et cela est fait afin de rendre le partenaire plus souple et plus contrôlable.

Le mépris et le ridicule.

Rire de quelqu'un, le taquiner avec des grimaces, ou exprimer du dégoût en roulant des yeux peut aussi être un instrument de violence qui dévalorise et humilie, même s'il ne s'agit pas de mots.

Ces gestes, hélas, peuvent facilement ne pas être reconnus par l'agresseur, qui vous accusera d'être hypersensible ("oh, comme nous sommes doux"), harcelant ("tu trouves toujours à redire à tout") ou de manque d'humour ("vous ne comprenez pas les blagues").

Ne vous y trompez pas: c'est de la violence. Appeler un autre un imbécile et le dévaloriser n'a pas nécessairement besoin de mots.

Refus de contact émotionnel.

C'est peut-être la forme de violence la plus subtile, surtout lorsqu'il s'agit d'un enfant: un refus délibéré de lui apporter soutien, amour et soins, c'est-à-dire tout ce qui est si nécessaire pour qu'un enfant se développe. Bien sûr, l'enfant ne comprend pas exactement de quoi il est privé, mais il sent à quel point la solitude comble le vide dans son cœur.

Mais ce n'est pas beaucoup plus facile pour un partenaire adulte qui est traité de cette manière, car lorsqu'on vous refuse des besoins émotionnels, cela vous rend encore plus besoin de sa satisfaction et vous rend parfois encore plus dépendant du partenaire.

C'est contre-intuitif, mais vrai. Éviter les contacts émotionnels est un outil puissant pour ceux qui ont soif de pouvoir et de contrôle.

La violence est la violence. Si quelqu'un utilise des mots ou le silence pour vous faire sentir sans valeur et impuissant, alors cette personne commet des violences. Rappelez-vous cette formule simple.

Traduction: Julia Lapina